Pour les kérogènes Archéens primitifs, le rapport δ15N peut decendre jusqu’à -8,1 ‰. Au début du Protérozoïque, le rapport δ15N des kérogènes change de signe en passant de valeurs négatives à des valeurs positives. Cette inversion peut être évidemment attribuée à la «Grande Vague Oxydative». L’oxygénation des eaux de surface océaniques à cette époque fut très certainement accompagnée par un changement de la chimie marine de l’azote dominée initialement par l’ion ammonium, NH4+ vers l’ion nitrate, NO3-. En l’absence d’oxygène dans la colonne d’eau, l’ion NH4+ devait être en effet l’espèce azotée dominante avec un cyclage efficace entre les bactéries photosynthétiques, les bactéries éboueuses et la colonne d’eau. La fixation métabolique bactérienne de l’azote des ions NH4+ expliquerait aisément les valeurs négatives des rapports δ15N des kérogènes Archéens. Un changement dramatique s’est donc produit dès que la concentration en dioxygène O2 s’est mise à augmenter dans la colonne d’eau. Les autotrophes nitrifiants ont alors été capables d’oxyder l’ion NH4+ en ion nitrite, NO2- puis ensuite en ion nitrate NO3-. Ces espèces azotées peuvent être transformées en diazote N2 dans des conditions anaérobiques par les bactéries dénitrifiantes, expliquant les valeurs positives des rapports δ15N observés dans les sédiments marins actuels.\nL’hypothèse d’un océan anoxique primitif demande également que presque tout le soufre contenu dans les espèces volatiles qui a pu être ajouté au système océan-atmosphère durant l’époque Archéenne soit fixée sous forme de pyrite FeS2. Cela semble bien être le cas. Les dépôts significatifs les plus âgés de sulfate de calcium, anhydrite CaSO4, ne datent que 2,3 milliards d’années, alors que la baryte BaSO4 se trouve fréquemment dans les sédiments Archéens ou de ceux du début du Protérozoïque. Cette quantité de baryte est très faible en comparaison de celle de la pyrite de la même époque, mais sa présence indique que l’ion sulfate SO42- était bien présent dans les eaux de surface océaniques durant les 3,45 milliards d’années écoulées. Ceci n’est pas surprenant car le dioxyde de soufre volcanique, SO2 réagit avec l’eau à des températures inférieures à 400°C pour donner de l’hydrogène et de l’acide sulfurique, sans qu’il y ait besoin d’oxygène.
SO2 + 2 H2O → H2SO4 + H2
Dernier point important, pour quelle raison l'eau de mer est-elle salée ?
Référence
Daniele L. Pinti (2005), «The Origin and Evolution of the Oceans», Lectures in Astrobiology, Vol. 1. M. Gargaud, B. Barbier, H. Martin & J. Reisse Eds, Springer-Verlag, New York, Berlin, p.83-112.
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