Le tableau suivant donne pour sa part quelques valeurs chiffrées:
Le rapport Na/Cl de l’eau de mer Archéenne se trouve être le même (0,858) que les océans actuels, bien que la quantité de sodium et de chlore soit 165% plus haute que celle de l’eau de mer moderne. Les concentrations en ions Ca2+ et Sr2+ sont 22 et 50 fois plus grandes qu’aujourd’hui. Ces concentrations supérieures en Ca et Sr pourraient provenir de réactions avec des carbonates. La concentration en ions Mg2+ est pratiquement la même que celle de l’eau de mer moderne, tandis que la concentration en ions K+ est 87% plus forte. La concentration en ions SO42- est en revanche plus basse que dans l’eau de mer moderne, ce qui pourrait être expliqué par des réactions entre les sulfates de calcium et les fluides hydrothermaux, ou bien encore par des réactions entre ces fluides et la croûte océanique. Ces dernières réactions auraient cependant pour conséquence de réduire considérablement la quantité de Mg, ce qui permet d’écarter cette hypothèse. Finalement, les quantités de brome et d’iode sont 2,6 et 74 fois plus élevées que ce que l’on observe dans l’eau de mer moderne.\r\nLe rapport Br/Cl de l‘eau de mer Archéenne a été estimé à 2,5 x 10-3, valeur proche de celle du manteau 2,9 x 10-3 mais plus haute que celle observée dans l’eau de mer moderne 1,54 x 10-3. Le rapport I/Cl de de l‘eau de mer Archéenne était de 40 x 10-6, valeur nettement plus élevée que celle de l’eau de mer moderne 0,9 x 10-6 mais inférieure à celle du manteau 190 x 10-6. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cet enrichissement en halogènes. La première est que la chimie de l’océan Archéen était contrôlée par une interaction hydrothermale à grande échelle entre la pile volcano-sédimentaire de la croûte océanique et l’eau de mer. En d’autres termes, la chimie de l’océan était tamponnée par le manteau, source d’iode et de brome. La deuxième hypothèse prend en compte le rôle de la biosphère qui appauvri l’eau de mer en halogènes. Dans l’eau de mer moderne, le brome et l’iode sont déficitaires car ils sont fixés par le plancton sous forme de métabolites. L’enterrement de la matière organique avec les sédiments provoque un retrait des halogènes de l’océan. D’autres hypothèses font appel à l’existence d’une biosphère interagissant de manière différente avec les halogènes, comme l’absence de plancton ou des processus métaboliques différents, ce qui aurait préservé les halogènes au sein des océans Archéens. Une autre hypothèse suggère que le taux d’enterrement du carbone durant l’Archéen était plus faible que celui d’aujourd’hui. Ce taux d’enterrement est en ait contrôlé par le taux de sédimentation, qui dépend à son tour de la surface continentale disponible à l’érosion en surface. Des continents plus petits dominaient la période Archéenne et il est fort probable que la sédimentation et l’enterrement du carbone était beaucoup plus faible que ce qui est observé de nos jours, entraînant une conservation des halogènes dans la colonne d’eau Archéenne.
Référence
Daniele L. Pinti (2005), «The Origin and Evolution of the Oceans», Lectures in Astrobiology, Vol. 1. M. Gargaud, B. Barbier, H. Martin & J. Reisse Eds, Springer-Verlag, New York, Berlin, p.83-112.
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